Education positive·Enfance·Situations concrètes

Coup de gueule : je ne travaille pas avec des poules !

Cela fait des mois que je souhaite écrire un article sur la posture éducative en internat. Des mois que j’attends que colère se passe pour trouver des mots ajustés, respectueux de chacun, bienveillants et dénués de tout sentiment négatif. Des mois que je n’écris pas parce que je n’y arrive pas. Et finalement, pourquoi n’écrirais-je pas avec mes tripes.

C’est donc ce que je vais faire pour cet article. Ce qui suit est rédigé d’un trait. Je ne me relirai pas sous peine de vouloir modifier des phrases, les enrober, les rendre plus douces. Et sous peine d’effacer parce que je ne trouve pas cela « objectif » ou politiquement correct. Au diable le politiquement correct surtout lorsqu’il s’agit du bien être des enfants.

Donc soyez avertis, ce billet est un billet d’humeur. D’humeur noire. D’humeur colérique, agacée, blasée, fatiguée. Il n’y a aucune objectivité dans ce que vous allez lire ci-dessous, juste ce que j’ai besoin de déposer depuis un moment…

« Si on ne contrôle pas les enfants, on va se faire bouffer »

« Je suis professionnel, je ne me laisse pas toucher par les situations du boulot »

« J’ai été touché professionnellement, pas personnellement »

« Peu importe que l’éducateur crie, punisse, envoie en chambre, se mette au niveau de l’enfant. Tant que le cadre est respecté, peu importe la manière dont il s’y prend »

« J’estime que je ne crie encore pas assez »

« Les enfants, c’est comme les chevaux. Ils sont têtus. Et si l’adulte ne leur met pas de limite, ils te retournent la maison »

« La petite (3 ans) nous manipule. Elle est comme sa mère. C’est pas moi qui le dit, c’est le référent social. »

« Tu l’as écoutée, tu t’es faite avoir »

« Faut qu’on la cadre, elle est trop fière » (là où en ce qui me concerne, je percevais de la honte… ou comment l’éduc projette sur l’enfant et comment son regard influe sur sa posture éducative)

« Attention à ne pas rentrer dans leur jeu sinon ils vont prendre le pouvoir »

« Il faut absolument un adulte pour surveiller les jeux des enfants, on ne sait jamais ce qui peut arriver »

« Tu as accepté qu’un adolescent t’insulte ?! Bah désolé mais c’est tout sauf éducatif… oui c’est limite laxiste… »

« Si elle oublie ses affaires une fois, deux fois, trois fois à l’école, ok. Mais là c’était régulier, elle le faisait exprès, il fallait la punir pour marquer le coup »

Et en parlant de moi : « Ah, c’est celle qui punit pas, pff » « Désolé, mais elle n’a pas sa place en internat »« Faut arrêter, là ! On est à la limite du laxisme ! »« Ton truc (Faber & Mazlish), c’est bien beau en théorie mais c’est le monde des Bisounours »

Et j’en passe… et j’en passe…

Ce sont quelques unes des phrases que j’ai pu entendre cette année, en maison d’enfants. Ce sont le genre de phrases qui me choquent. Qui me dérangent profondément. Qui me mettent dans une de ces colères ! Car ce sont à travers ces représentations que l’on a de l’enfant qu’on va l’accompagner. Que nous, les adultes qui sommes censés être là pour eux, allons choisir nos « axes éducatifs », que nous allons nous positionner. Vous rendez-vous compte de l’influence que notre regard subjectif peur avoir sur l’évolution d’un enfant ?

On parle de l’effet Pygmalion à l’école, je serai curieuse de voir ce que ça peut donner en foyers… très curieuse même… (je souris jaune… très jaune même…).

Et non, en fait, on a peur.

Peur de se faire manipuler.
Peur de se faire bouffer par cet enfant de 3 ans.
Peur que notre autorité soit défiée.
Peur de perdre le contrôle.
Peur de la colère de l’enfant, de ses peurs, de ses doutes, de ses larmes…
Ou peur de ce que ces émotions nous renvoient ?

Alors on contrôle.

Et plus on contrôle, plus c’est calme. Et plus c’est calme, plus les besoins de l’enfant sont étouffés. Et plus les besoins de l’enfant sont étouffés, plus ils s’exprimeront autrement. Quand il y aura un peu de lest. Et alors les éducs qui ont peur diront « T’as vu, il faut contrôler sinon ils nous bouffent »…

Et on repart de plus belle. Mais on ne s’en rend pas compte !! Ou alors on ne veut pas voir ?

Cet enfant de 5 ans qui joue au ballon de baudruche dans la pièce de vie (salle de jeu et salle à manger qui ne sont pas délimitées) et qui se fait « recadrer » par l’éducateur parce qu’il n’a pas à jouer pendant le petit déjeuner.
Ou ce pré-ado de 11 ans qui est pris d’angoisses le soir et qui pleure, qui hurle en demandant sa mère. Et que l’on traîne dehors en lui hurlant de se calmer parce qu’il risque de réveiller la maison et qu’il ne respecte pas la règle du coucher à 20h30.
Ou encore cette petite fille de 3 ans qui s’urine dessus parce qu’elle est dans la crainte et n’ose pas agir de peur de se faire engueuler… et dont l’acte est interprété par l’éducateur comme une manipulation de l’enfant.
Ou encore cette même petite fille qui boude à table et qui se voit isolée sur une table, seule, parce qu’elle est de mauvaise humeur.
Il y a aussi cet enfant de 6 ans qui se fait hurler dessus par un éducateur. Et qu’il a tellement peur qu’il prend la première chose qui lui passe par la main : un slip sale, pour le lui jeter au visage, ce qui lui vaut encore plus d’humiliations.
Ce garçon de 7 ans qui a donné un coup à sa maman et qui est puni pendant 1 semaine : repas et coucher avant les autres…
Ces enfants punis à 20h tous les soirs de la semaine pendant les vacances parce qu’ils n’ont pas respecté une règle, parce qu’ils ont exprimé une colère, parce qu’ils n’ont pas su régler un conflit….
Ce conflit qui traîne, qui traîne, qui traîne plusieurs jours d’affilé sans qu’aucun éducateur, à part punir en chambre, ne réagisse. Et qui finit pas exploser un beau soir.
Cette adolescente qui se fait insulter pendant 3 soirs d’affilé et qui, par ras le bol, finit par lâcher un : « sale pute »… et se voir devoir copier des lignes enfermée dans sa chambre pendant 4h.
Ces enfants qui n’arrivaient pas à dormir et qui étaient encore réveillés à 22h15… et se voient punis de piscine le lendemain parce qu’ils n’ont pas respecté le cadre du coucher…
Cette adolescente qui s’est retrouvée avec des bleus sur le cou. Et que la moitié des éducateurs ne réagissent pas ou justifient/défendent le collègue. Que la hiérarchie soit informée mais qu’il n’y ait aucune suite à cet incident.
Que penser de cet enfant que l’on oblige à terminer son assiette même s’il n’a plus faim ?
De cette jeune fille qui cherche à exprimer sa singularité en se maquillant et que l’on punit en chambre parce qu’elle a continué malgré l’interdit posé ?
De ce garçon qui a donné un coup à une éducatrice et que l’on étiquette comme le violent de service ?
De cet enfant de 6 ans qui vient juste d’être placé et qui se roule par terre au magasin parce qu’il veut un bonbon… mais qu’on va recadrer parce qu’il fait des caprices ?

Et j’en passe… j’en passe tellement… Si vous saviez comme j’en passe…

Je ne sais pas ce qui est le pire.

Ces attitudes dites éducatives ?

Ou le fait que ça semble normal pour tout le monde ? Que plus grand monde n’ait assez d’esprit critique pour dénoncer ou au moins renvoyer ce genre de choses ? Pour se rendre compte qu’on n’est pas dans de l’éducation mais dans du conditionnement. Qu’on n’est pas dans un accompagnement bienveillant mais dans le contrôle et la lutte de pouvoir.

Que l’on soit dans une société qui soit tellement malade que dans des endroits où nous sommes censés aider les enfants, les accompagner, les soutenir, les aider à se construire une sécurité INTERIEURE, nous ne nous rendions même pas compte des dégâts que nous faisons. Parce que c’est normal. Il faut du cadre. Et si le cadre est respecté, alors tout va bien, les enfants sont en sécurité… et que dire de la sécurité des adultes ? Surtout de la sécurité des adultes me semble-t-il… Ces adultes qui, sous prétexte de vouloir rassurer les enfants et leur fournir une ambiance sécurisante, finissent pas limiter toute spontanéité, toute expression d’émotions sortant un peu du volume sonore toléré par leurs pauvres oreilles…

Parce que oui, me dirons certains, les enfants vont bien ! Ils sont nourris, logés, blanchis. Ils ont des activités, des jeux, des sorties, une vie sociale. Ils sourient, jouent.

Oui.

Peut-être.

Sauf que je ne peux pas cautionner tout ça. Je ne travaille pas avec des poules. Encore que je suis sure que parfois les poules sont considérées avec plus de respect. Enfin normal, ça fait pas peur, une poule. Bref.

J’ai défendu pendant des mois que je refusais de me faire respecter par la peur. Ce n’est pour moi d’ailleurs pas du respect mais de la crainte. Que le respect, ça se gagne. Oui, en tant qu’éducateur, on a une autorité de par notre position. Mais cette autorité n’est pas innée. Elle n’est pas gagnée d’avance. Et elle se « mérite ». De par notre attitude. Par notre posture. Par nos mots, nos gestes, le respect que l’on offre à l’enfant.

Tu veux du respect ?? Bah respecte le d’abord !!
Tu veux de la coopération ?! Alors coopère bon sang !!?!
Tu veux que les gamins règlent leurs conflits autrement qu’en criant, jugeant, humiliant, qu’en étant dans une relation dominant/dominé ?? Alors regarde déjà comment toi tu fonctionnes, remets toi en question et après on en reparle…

L’éducateur n’est pas tout puissant. Il n’est pas un être qui sait face à un gamin à qui il doit tout apprendre et qui ne sait rien. L’éducateur a droit à l’erreur, il a droit de faillir, d’avoir des fragilités. N’est-ce pas là être humain et le montrer aux enfants ? Au lieu de se vouloir irréprochable, parfait en toutes circonstances et dénué de toute sensibilité au point qu’il finit par se confondre avec cette image du professionnel qu’il s’est donnée. Nous demandons nous seulement si notre niveau d’exigences est adapté à l’enfant que l’on a en face de nous ?!

J’ai renvoyé à certains collègues ma divergence d’opinion. J’en ai parfois confronté devant les jeunes parce que je trouvais qu’ils allaient trop loin et qu’ils étaient à la limite de l’abus d’autorité (et parfois pas que limite…). J’ai tenté comme je pouvais de rester cohérente avec le reste de l’équipe tout en étant au maximum en lien avec mes valeurs et surtout avec le bien-être de l’enfant que j’avais en face de moi.

Bien mal m’en a pris. Le vilain petit canard, vous connaissez ? C’est bibi. Et c’est quand même marrant de voir comme tout un tas de choses peuvent circuler sur une personne, de foyer en foyer, sans que la personne concernée ne soit jamais interpellée directement.

Vous ne comprenez pas ma manière de faire ? Venez me le dire, on en parle, je vous explique ?
Vous pensez que c’est du laxisme ? Pareil, je serai ravie d’échanger avec vous…
Sauf que ça risquerait de remettre en question vos certitudes éducatives… trop dur… Mon Dieu, vous ne détiendriez pas toute la vérité sur l’éducation d’un enfant ?! Mais super !!! Vous êtes humain, bienvenue au club !!!!

Alors à toutes ces personnes qui m’ont reproché ma manière de travailler. Qui m’ont jugée. Qui ne comprennent pas ma manière d’être et de faire avec les enfants et les ados. A toutes ces personnes qui sont convaincues que ce sont elles, en tant qu’éducateurs professionnels et détenteurs de l’autorité absolue, qui détiennent la vérité des relations. Que ce sont elles qui ont tout à apprendre aux enfants, ados et parents qu’ils accompagnent (et qui soit dit en passant qui pour la plupart n’ont d’ailleurs pas d’enfants). A toutes ces personnes : merci.

Merci de m’avoir permis d’apprendre à m’affirmer. D’apprendre à développer mes connaissances. De m’avoir donné envie d’en savoir encore plus et de développer mes compétences sur le sujet. Merci de m’avoir permis de me confronter chaque jour à des pratiques qui m’ont fait, encore plus, validé mes hypothèses, mes convictions, ma manière de travailler. De m’avoir permis de développer ma pratique, de l’améliorer. Et de me positionner. De savoir dire : tu vas trop loin.

Et de savoir dire Stop. Stop, je ne veux plus convaincre. Je ne veux plus lutter contre mais œuvrer pour. Et ceux qui veulent monter dans mon bateau ou me suivre avec le leur, ils sont les bienvenus. Et ceux qui préfèrent ne pas voir qu’il y a autre chose que ce qu’ils connaissent, alors qu’ils restent là où ils sont. Qu’ils gardent leurs œillères et qu’ils continuent à vivre avec leurs croyances, dans leurs méconnaissances. Moi, j’ai choisi mon camp. Et je peux parler en tout état de cause parce que j’ai fait partie de ces personnes qui avaient besoin de tout contrôler. Qui pensaient qu’il fallait cadrer, poser des limites, imposer une manière de faire, avoir une position dominante sur l’enfant. J’ai eu ces limites. D’où le fait que je me permette aujourd’hui de dire que ce sont des limites et que l’on peut ouvrir nos frontières sans risquer de se laisser déborder. Que ce n’est pas à l’enfant d’ajuster son comportement mais à l’adulte d’ajuster le sien à celui de l’enfant. Et ça fait toute la différence.

changerlemonde

Voilà pour aujourd’hui… et merci de m’avoir lue jusqu’au bout… moi au moins ça m’aura permis de lâcher un peu de ma colère.

Et je vais continuer mon chemin, de plus belle. Transmettre aux personnes qui ont envie d’adopter une relation respectueuse avec l’enfant. Qui ont envie que ça bouge. Qui veulent se donner les moyens que ça change. Partager mon expérience. Former. Continuer. Encore. Toujours. Parce que j’aime mon métier et parce que les enfants sont l’avenir de l’humanité.

60 réflexions au sujet de « Coup de gueule : je ne travaille pas avec des poules ! »

  1. Bonjour Elodie,
    Te lire me donne énormément de courage.
    Je suis en dernière année de formation ES, et j’ai l’impression d’avoir vécu un peu la même chose que toi durant mon stage long en MECS… sauf que de ma position de stagiaire, je n’ai pas osé porté mes convictions…je n’ai pas osé contredire l’équipe qui se voulait très cadrante, et je suis rentrée dans ce qu’on attendait de moi… alors aujourd’hui, même si je regrette un peu, je me dis que cette conformation de ma part m’a permis de survivre jusqu’à la fin du stage… Aujourd’hui, j’ai gagné en assurance, et je sais qu’en tant qu’éduc diplômée, j’aurai les armes pour oser confronter mon point de vu à celui des collègues qui s’enferment dans des représentations comme celles que tu cites.
    Sincèrement, je suis reconnaissante d’être tombée sur ton blog et j’espère que tu garderas cette force, cette intelligence et cette douceur jusqu’à la fin de ta carrière, car ce sont les plus belles qualités que tu transmettras à ceux que tu accompagnes, et peut être avec un peu de chance, à des collègues ouverts d’esprits.
    Bonne continuation !

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    1. Merci Lo pour ce message. La place du stagiaire n’est pas toujours aisée et c’est bien le reflet aussi d’un réel dysfonctionnement relationnel… on pourrait tant en dire aussi…
      J’aurais aimé que ma carrière se poursuive sur le terrain auprès des jeunes mais le système et les VEO ont eu raison d’elle et j’ai quitté l’ase il y a qq années pour aller former. Mais je ne suis pas autant à ma place même si je sème des graines autrement ! Ça demande du courage de vouloir apporter un regard neuf et je te souhaite à toi de trouver ta posture et de semer des graines de l´intérieur !

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  2. Bonjour Élodie, bonjour tous les éducs qui croient fermement aux valeurs du respect de l’enfant, de tout être humain d’ailleurs…
    et merci d’exister!!!!! Cet écrit coup de gueule, j’ai l’impression de l’avoir rédigé. J’y retrouve tout ce que je vis au quotidien de mon métier d’ES. J’ai souvent l’impression d’être seule au monde, et non! le hasard de la découverte de ce blog m’apprend que je ne suis pas la seule à être humiliée par des collègues garants d’un cadre plus barbelé qu’un camp de goulag! je ne rentre pas dans les détails, tout ce que je viens de lire y est déjà. Récemment une petite fille de 8 ans s’est fait rudement remettre en place car elle avait manifesté de la joie en sachant que je ferai la soirée…… chaque jour je me dis que je ne baisserai pas les bras mais c’est épuisant. Là, de voir que nous sommes nombreux à nous battre pour offrir une éducation bienveillante me redonne une énergie folle. Je vais aller me balader sur tous les liens de ton blog, me renseigner sur les formations, les conseiller à tous ceux qui voudront bien m’entendre. je suis une « vieille » éducatrice et je vous rassure, j’ai quand même connu des institutions où régnait l’éducation positive.
    A bientôt!

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    1. Bonsoir Boubari,

      Merci pour ton commentaire !
      En effet, nous sommes de plus en plus nombreux à mesurer l’importance de la qualité de la relation et de la prise en compte des émotions et des besoins dans nos accompagnements. C’est parfois difficile de s’en rendre compte car sur le terrain, nous restons en minorité même si chacun a probablement des « intentions » louables.
      Si vous souhaitez rencontrer des personnes défendant ces valeurs, vous pouvez regarder si dans votre région il y a un comité local du Printemps de l’éducation, personnellement ça a fortement contribué à me rendre compte que j’étais loin d’être un cas isolé !
      Dès que j’aurais le temps, je pense en décembre, je démarrerai la réalisation de vidéos de « formation » sur le net pour aller en ce sens…

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  3. Bonjour à vous c’est un appel pour changer le monde des educs (alors commençons par modifier la formation de base)
    Merci internet…. C’est une mine d’or …
    J’ai trouvé votre site par hasard et depuis je le partage avec qui veut lire !
    Et du coup à mon échelle je diffuse.

    Connaissez vous l’association déclic-cnv si oui je souhaiterai je ne sais encore comment mais former un groupe d’éducateur afin d’avoir plus de poids. J’ai rencontré lors du forum déclic des personnes motivées intéressantes et partantes. Pour l’instant leur démarche est ciblée éducation nationale, alors la seule condition pr nous c’est d’être plusieurs éducateurs motivés disponibles et de les contacter .
    Élodie comment pourrions nous faire !!
    J’attends votre aide soutien et avis 😂
    Fatima educ de formation en pleine mouvance interne et professionnelle

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    1. Bonjour Fatima,
      J’ai adoré lire votre enthousiasme ce matin 🙂 Merci pour ça !
      Oui je connais cette association et je connais également des personnes référentes dans la région qui œuvrent en ce sens également. Je ne sais pas si ce groupe est toujours d’actualité, mais j’ai participé à quelques réunions avec des professionnels pratiquant la CNV et formant d’autres pros/particuliers dans le but de voir comment nous pouvions diffuser la CNV. En effet c’est souvent le milieu de l’enseignement qui est ciblé mais chaque pierre peut être apportée !
      Si vous souhaitez qu’on en discute, vous pouvez me joindre actuellement au 06.51.85.19.95… mais je suis assez difficilement joignable par téléphone donc n’hésitez pas à me contacter par mail également sur elodiewiart.at@gmail.com.
      Je forme aujourd’hui les étudiants et les professionnels mais dans un contexte de formations courtes, je ne peux que parler de la CNV et non pas former (et je ne suis pas formatrice certifiée) d’autant que c’est un processus d’intégration vraiment individuel et propre à chacun.
      Au plaisir d’échanger avec vous sur le sujet !
      Elodie

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  4. Ouahou. ..j’aurais voulu l’écrire que je n’aurais pas mieux fait..Je suis en mecs avec des ados, et durant mon congé mat de 10 mois, je suis tombée sur l’éducation bienveillante, sûrement pas par hasard, je cherchais des pistes pour m’aider dans ma relation à ma fille… quand je suis revenue au taf, je ne pouvais plus revenir en arrière, je ne pouvais u travailler comme avant, considérer l’enfant, l’adolescent, comme un être inférieur en devenir. .une révélation. .. je suis un peu seule aujourd’hui, mais petit à petit je sème mes petites graines et certain-es collègues sinterrogent et me questionnent. Des fois je me sens seule, mais je ne lâche pas. . Mes convictions, mes idées, les neurosciences étant mes meilleurs alliées! Alors courage..tu dois être une extra terreste aujourd’hui mais je suis certaine que demain nous seront de plus en plus…encore merci…

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    1. J’ai été une ET oui ! Et je suis partie… Trop d’energie à devoir justifier ma posture, à me sentir jugée… Du coup je forme et je m’éclate 🙂
      Contente de lire une collègue qui défend des valeurs similaires, je me rends compte de plus en plus que nous ne sommes pas seules… Éparpillés mais nombreux ! 🙂

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  5. Maman et éducatrice spécialisée je suis également convaincue des bienfaits de l’éducation bienveillante et empathique. Je découvre peu à peu des auteurs sur l’env et la cnv. Oui cela demande de la patience, de la disponibilité, d’une remise en question, d’un travail sur soi, sur ses émotions. Il y a tellement de choses à apprendre sur nous même encore au quotidien. Je suis profondément touchée par ce post parce que cela fait écho dans ma pratique ! C’est la première fois que j’entends une éducatrice connaître Faber et Mazlish et qu’est ce que ça fait du bien !! Continuons de semer nos graines de bienveillance un peu partout !! Je suis convaincue que cela rend les humains plus aimants et pacifiques !

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    1. Bonsoir kmi04, merci pour ce message qui me fait fort plaisir car j’aime ça voir que nous sommes finalement pas si « seuls » que ça à nous orienter dans cette voie de l’Être et de la bienveillance éducative 🙂

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    2. Merci kmi04 pour votre message sympathique ! C’est toujours avec grand plaisir que je découvre une nouvelle personne sensible à ces approches et je suis ravie de voir que finalement il y a de nombreux semeurs de graines !

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  6. Educatrice en Internat aussi, je m’interesse à la communication non violente et à la gestion des émotions de l’enfant depuis longtemps, je suis passionnée, je bouffe des livres, des conferences et des échanges avec mes pairs sur Internet, je me remet sans cesse en question et je’expérimenté de nouveaux chemins sans cesse. Mais des échanges au boulot qui sont fructueux ? Non. Parce qu’au boulot je suis chiante parce que je viens avec « ma voix douce » parler à un enfant sur qui on hurle, et que ça « casse le boulot du collègue ». Non parce que je comprends pas bien qu’un enfant, « si si parfois il faut lui crier dessus, y a que ça qui marche »
    Parce que je m’intéresse à la parentalité bienveillante et positive mais « c’est bien joli, mais parfois tu sais, faut laisser ses valeurs et des passions de côté hein ! »
    Parce que quand je l’ouvre trop, mais EUX « ils ont 20 ans de service eux » , parce que quand je trouve ça choquant que  » non M. on va lui donner cette sanction là plus tôt, ah oui à cette heure là, c’est bien, faut que ça lui fasse mal ! ».
    Parce que je trouve ça violent qu’on demande à un enfant de sa laver à 14 h aprés lui avoir dit qu’il sent mauvais.
    Je ressens des regards de « Vilain petit canard, on était bien avant que t’arrive, on venait pas nous faire chier, on pouvait se plaindre à gogo pendant des heures et crier sur nos gosses en paix, non tu verras quand t’auras de la bouteille…..tu comprendras ma ptite…qui décide ici, qui est le chef, l’éducateur surpuissant, le sauveur. Expérimenter autre chose ? Bah non attends on a toujours fait comme ça !! Douter ? Ah non c’est sur il a oublier son sac il a fait exprés le gosse je te dit !!! »

    Heureusement qu’il y a les enfants, et les gens comme toi, qui mettent en mots, qui vont plus loin, qui expriment leur colère, on se sent moins seul. Le hic c’est que plus je m’interesse à la bienveillance, plus je me sens décalée, plus je me sens seule, contractions de la solitude, bienvenu.

    PS : je n’ai pas d’enfants, j’espère que mon commentaire sera validé quand même ha ha .

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    1. Beh vi 🙂
      Ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’enfants qu’on n’est pas compétent ou qu’on ne peut pas donner son avis 🙂

      En te lisant, je me dis que tu aurais pu écrire l’article, non ?

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  7. C’est un article qui met autant en colère que ce qu’il donne envie de pleurer. Car tu dresses ici un portrait fidèle à ce que je peux voir parfois. Des gens qui croient que le respect vient avec de l’autorité. Comme si crier plus fort donnait raison, et que cela serait une base de construction d’un projet collectif.
    J’ai pris sur moi dans une réunion sur la maltraitance dans laquelle j’ai subitement découvert que prendre en compte son point de vue personnel émotionnel est une maltraitance. Ah? parce que pendant ce temps je ne suis pas dans la position du professionnel.
    Parce que la douleur que je ressens quand je me mange une claque c’est du chiqué, je ne dois pas etre touché. C’est pas « professionnel ».
    Parce que quand je joue avec une personne accueillie, si je gagne ou que je perd, que je me suis réellement donné à fond c’est mal. C’est que je n’étais plus un professionnel et que par conséquent je deviens maltraitant.
    Bilevesées que tout cela.
    J’exècre ce regard pompeux de tous ces cols blancs qui vont définir e qu’est l’essence de mon action. Je conchie ces illuminés qui trouvent qu’écouter une colère est une perte de temps. Tout est protocole : il te fait ca alors tu fais ca. Punitions, « sanctions », … C’est beau dans leur bouche mais ca me file la gerbe. Toucher à leur sacro-saint « cadre » est une hérésie. Dans leur monde de patrons et de gestionnaires.
    Comment travailler avec des humains si l’on doit se déshumaniser de notre côté? Cela n’a pas de sens.
    Alors je te comprend. Et je partage volontiers.

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    1. Bonjour Aurélien,

      Tu sembles être en plein dedans, on dirait !

      Je suis d’accord avec cette histoire de « distance relationnelle », j’en parlerai très prochainement dans la suite de mon retour sur la conférence : « L’éducateur, un être au coeur de la relation ». Mais seulement quand nous-mêmes ne connaissons pas nos limites, ne sommes pas au clair avec nos émotions, sommes contaminés par des croyances… alors là oui, protégeons-nous et protégeons les autres !
      Au-delà de ça, lorsque l’on a une conscience de nous-même de plus plus affinée, que l’on a conscience de nos limites, que l’on a dépoussiéré certaines croyances, que l’on se fait superviser, que notre intention profonde est d’accompagner l’autre au plus près de là où il en est en respectant son intégrité, ses limites, ses émotions… ne peut-on pas alors parler de proximité relationnelle !?

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  8. Bonjour,

    Merci de vous exprimer avec cette authenticité. Merci aussi de mettre au jour ces failles du système et des adultes qui sont là pour les enfants, ces failles qui blessent les plus jeunes alors qu’ils sont déjà en insécurité et qu’ils ne peuvent pas toujours s’exprimer. Je crois du fond de mon coeur que les éducs et autres travailleurs sociaux sont porteurs de failles mais qu’au nom de leur professionnalisme ils ne les reconnaissent pas suffisamment. Dans leur métier et leur formation ils apprennent que c’est l’autre qui a un problème (à résoudre, on redresser, à éduquer, à cadrer…) et qu’en tant que pro ils doivent assurer quoiqu’il se passe. Et c’est une des racines de ce problème que vous dénoncez.
    J’aime une phrase de Ghandi « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde »… pour un monde de paix, faisons la paix d’abord en nous même en regardant nos peurs en face, en les acceptant, en acceptant aussi le soutien dont nous avons besoin pour cela. Et quand un enfant fait sortir un adulte de ses gonds, c’est un signe qu’en tant qu’adulte il y a une peur ou une colère enfouie à explorer. Ce n’est pas le chemin le plus facile car il remet en cause les automatismes et les valeurs acquises, car il peut soulever également la culpabilité. Mais c’est celui que je connais pour devenir un adulte plus bienveillant malgré les difficultés de notre propre enfance.

    Ensuite la joie véritable s’installe toute seule (ou presque) surtout lorsque l’on a la chance de cotoyer des enfants.

    Et je crois que ça bouge beaucoup dans notre société française, et je rêve que ça s’améliore encore plus et encore plus vite.

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    1. Bonjour Jeanne,
      Je suis tellement d’accord avec ce que vous dites !!! Et vous l’exprimez si bien… depuis que ne suis educ, je dis souvent : comment accompagner les autres si je ne m’accompagne pas moi-même ?
      Pour le moment, le professionnalisme est de rigueur, et par conséquent ressentir ou faire de l’introspection est malvenu. Quand on travaille avec d’autres humains… un comble tout de même 🙂
      Merci beaucoup d’avoir partagé cela avec nous !

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  9. Ton récit me retourne… Il me renvoit à tellement de situation que j’ai pu vivre de près ou de loin… Je suis jeune et j’envisage et essaie de vivre dans la bienveillance depuis que je suis maman… J’ai toujours travaillé auprès d’enfants et d’adolescent avant, depuis mes 18 ans… j’ai suivi les comportements de mes collègues plus expérimentées souvent au début, sans trop comprendre souvent, le pourquoi agir en criant, en punissant me dérangeait tant…
    Et puis j’ai évolué, j’ai commencé à trouver absurde qu’on hurle sur un enfant au lieu d’écouter son mal être… j’ai bossé dans un collège où j’étais appréciée et respectée des ado, car j’étais « sympa », « cool » et pour autant je pense que je n’étais pas laxiste… mais j’ai fini par craquer car ma supérieure était sans arrêt sur mon dos… je suis partie, malgré le soutien de la proviseure qui elle pensait que j’optais pour le bon comportement.

    Je suis retournée travailler en accueils de loisirs… j’ai encore commis beaucoup d’erreurs… punis parfois, crié aussi alors que j’aurais pu faire autrement… mais je vivais cela comme un échec…j’étais sans arrêt à la recherche d’autres façons de faire du haut de ma vingtaine… Mais prise dans un système déjà bien installé où on punit, on crie, on humilie… il est tellement difficile à 20 ou 23 ans de faire changer les choses…

    Mais là où j’ai vécu les pires moments c’est en MAS… auprès d’adultes handicapés, traités comme des enfants car dans leur tête ils en sont c’est vrai… mais pourquoi tant les infantiliser? Les maltraiter verbalement? Les brider autant?

    Bref… je pourrais écrire un roman… tous ces moments reviennent et me submergent parfois maintenant que je suis maman, et que je n’envisage pas l’éducation autrement que sans fessée, que dans le respect de l’enfant… même si je ne suis pas parfaite, si parfois je réagis mal, je fais au mieux… je lis, j’échange, je me remets en question…

    Je trouve cela tellement triste qu’encore de nos jours rien ne change, surtout dans les accueils de mineurs… 😦

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    1. Bonjour Maman Mammouth,

      Merci pour ce témoignage touchant et que je trouve tellement plein d’authenticité !
      Aujourd’hui, ces attitudes sont encore considérées comme atypiques… je garde espoir qu’un jour, ça sera devenu une évidence pour beaucoup de gens…

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  10. « Avec elle, c’est peine perdue, c’est sans lendemain »
    (Une éducatrice en transmission et dans ce foyer, les murs étaient « en carton »)

    J’avais 15 ans, une belle sensible, vive d’esprit, capable mais écorchée par les abus sexuels de mon père et le déni profond de ma mère, l’indélicatesse des services sociaux qui organisait des rencontres sans mesurer l’ampleur du chaos et prendre en compte mon extrême fragilité à toujours devoir affronter mon agresseur.
    Ah le beau déni des services sociaux qui consiste à vouloir recoller les morceaux au détriment -parfois- de leur fonction première: protéger les mineurs en danger.
    Alors oui, je faisais des « conneries », qui ne faisaient de mal à personne…
    Mais à moi, ca m’en faisait. J’ai été hospitalisée plus d’une fois, je me suis « anesthésiée » de toutes les façons possibles… Mais qu’est-ce que j’avais bon fond pourtant, en dedans, au-delà de toutes mes dechirures…

    Ces mots m’ont poursuivis… « C’est sans lendemain »
    j’ai ramé comme une âme en peine pour construire au-delà de ce mur…
    Quand à la justice, je l’ai trouvée surtout en rencontrant JUSTESSE en moi…

    J’ai 30 ans, je suis auxiliaire de vie scolaire.
    J’accompagne des élèves en difficultés (autiste, déficient intellectuel, dys, troubles du comportement)

    Personne ne sait qu’à 15 ans, on ne me donnait aucun avenir, aucun espoir…
    Je suis devenue l’espoir, sans faire de bruit, sans dire d’où je venais et avec quel bagage.

    Je me répare encore en toutes sphères… Mais en moi, il y a une force décoiffante qui traverse les nuages et qu’on appelle résilience…

    Ma situation professionnelle est sujette à évolution (statut précaire) à des virages et de nouveaux caps. J’avance positive, je me fais confiance. (Ca s’est appris en therapie…)
    J’ai pris l’avion pour le Québec, deux fois. (Pour rejoindre ma famille de coeur québécoise)
    Pour quelqu’un à qui l’on ne donnait pas de lendemain, je me trouve « forte en chocolat ». Bien sur, j’ai le goût de recommencer et comme je suis un peu clownesque dans l’âme, j’ai envie de dire « Niark Niark » car je sais que ça se fera… A force d’y croire 🙂

    En découvrant votre blog, en lisant vos mots et votre coup de gueule, sachez que vous avez comme apposer un pansement sur une blessure que j’ai toujours eu du mal à digérer.
    Certains éducateurs ne mesurent pas la portée de leurs propos.
    Mais j’ai eu la finesse de comprendre en cheminant qu’heureusement, il y en avait d’autres plus fins, plus sensibles, plus réceptifs aux différents seismes traversés par les enfants et/ou adolescents.

    J’ai « malgré tout » été voir ailleurs si j’y étais… Et même si j’ai encore à m’travailler… j’y suis… Youhouuuuu! 🙂

    J’ai de la lecture de blog à faire 🙂 MERCI de partager votre positif, même si parfois, c’est en coup de gueule que ça doit se passer!… C’est aussi large que ca: S’exprimer 😉

    Elodie

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    1. Bonjour Elodie,

      Je suis en train de faire le tour des commentaires auxquels je n’ai pas répondu, et je me mords les doigts de ne pas avoir pris le temps de répondre à ceux, comme le votre, aussi intenses et puissants… Me connaissant, sans doute n’avais-je pas le temps au moment où je l’ai lu, me disant que je voulais rédiger une réponse aussi authentique que l’a été votre témoignage et que, le flot de commentaires arrivant, j’ai fui la tâche !

      Me revoilà aujourd’hui, avec un certain temps de retard par rapport à votre commentaire, mais je tiens à répondre à chacun !

      Je suis très touchée par votre message. D’autant que vous l’avez vécu de l’intérieur. Et surtout parce que vous avez cette force intérieure d’avoir fait de vos souffrances une force nécessaire dans ce monde ! Même si je suppose que ce n’est pas de tout repos.

      Je vous remercie pour ce témoignage plein de vie et de foi en la vie et en les autres !

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  11. Re bonjour Elodie!
    En fait, je ne suis plus éducatrice depuis 12 ans! Le constat commun que nous faisons m’a conduite à traverser une période douloureuse pour trouver une manière plus conforme à ma vision, à mes valeurs d’accompagnement. Aujourd’hui, j’anime des ateliers de développement personnel par le clown-gestalt à travers une association dont la présidente est éducatrice…comme quoi, tout n’est pas désespéré!…d’autant plus que je retrouve dans mes ateliers des éducateurs, instituteurs…Et je suis clown à l’hôpital!
    Merci encore de contribuer à une ré-humanisation de notre monde…qui en a bien besoin!
    Patricia

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  12. Je découvre votre blog avec bonheur…peu d’éducateur écrivent! Ancienne éducatrice, ce que j’ai lu de vos observations me redonnent la chair de poule: j’ai tellement souffert de la non conscience des accompagnants éducateurs. J’étais dans l’incompréhension et le suis toujours car cela ne s’est malheureusement pas arrangé! Moi, naïvement, j’avais imaginé que la formation d’éducateur et le métier permettaient de développer chez l’enfant ses aptitudes à déployer ses ailes d’humain. Que nenni!…un bémol cependant car il y en a quelques uns qui échappent à ce constat!
    Comment est possible que ceux qui accompagnent d’autres humains en soient au niveau quasi zéro de conscience d’eux-mêmes et du fonctionnement humain??? Aucune formation en développement personnel, en connaissance de soi dans les écoles qui forment à ce métier!!! Comment peut-on accompagner d’autres humains vers plus d’autonomie si soit même on ne se voit pas? Il y a une réelle pauvreté de conscience dans un milieu où logiquement on s’attendrait au contraire.
    Je vois en tout cas que ma colère est là présente: les phrases mortifères que vous avez si bien relevé et que j’ai moi-même si souvent entendu la font émerger et je ressens à nouveau le sentiment d’impuissance que j’ai si souvent ressenti devant l’ignorance.
    Exemple entendu en réunion: » mais tu as des affects! On ne doit pas avoir d’affect dans notre pratique! » Incroyable non? L’être humain devrait donc mettre ses affects de côté? Nous ne serions qu’un corps et un mental? J’invite donc les éducateurs à lire Perls, Jung ET TANT D’AUTRES qui nous invitent au contraire à être conscients de nos affects puisque c’est avec ça qu’on travaille!
    « Sans les émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement. » Jung
    Merci en tout cas! La colère est une belle émergence quand elle est conscientisée et qu’elle aide à sortir de l’obscurantisme!
    Patricia

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    1. Bonsoir Patricia,
      J’aime beaucoup la lecture de vos mots et je me sens vraiment en lien avec ce que vous exprimez tellement bien et que je défends depuis meme ma formation d’es il y a plus de 10 ans : comment accompagner les autres si on ne fait pas un chemin avec soi.
      J’ai bon espoir que je peux contribuer à un changement à ce niveau dans les formations puisque je tente d’amener une certaine intériorité dans celles que je propose aux étudiants et les futures qui seront destinées aux professionnels.
      Merci pour votre passage ici et je serai ravie d’échanger avec vous sur votre pratique si vous commentez d’autres articles !
      A bientot
      Elodie

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  13. Merci beaucoup pour ce texte!
    Et oui, nous sommes des humains avec des tempéraments bienveillants et déviants à la fois. On peut aussi se surprendre sur un chemin sur lequel on aurait jamais imaginé.
    Bonne continuation dans ton écriture et tes témoignages. Encore merci!

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  14. A reblogué ceci sur Yuri Didionet a ajouté:
    C’est terrible. Et je retrouve ce « danger éducatif » dans des comportements parfois très anodins : un éducateur qui parle à table du « Gouvernement qui nous manipule, qui veut nous abrutir pour mieux nous utiliser, … »
    Et après ça, ça demande aux jeunes de faire confiance au SAJ, aux lois, à la police, aux ministres…

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    1. CQFD…
      Et oui… au lieu de chercher à les convaincre de nos croyances, n’est-il pas plus utile de leur apprendre le discernement, et à penser par eux mêmes…
      Et quand on ne l’a pas appris nous-même, c’est un challenge compliqué ! 🙂

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  15. Coucou!

    Je suis éducatrice aussi. Je n’ai rien contre la sanction mais là on n’est plus dans la sanction mais dans la maltraitance!!! Qu’une fille dise « sale pute », non ce n’est pas normale. Mais lui faire faire des lignes non plus. On peut aussi lui demander d’aller se calmer dans sa chambre, puis discuter avec elle de ce mot employé, ce que ça veut dire, ce que ça nous fait.

    Je travaille avec des déficient intellectuels moyen. Il m’arrive, quand le cadre n’est pas respecté de les faire sortir de l’atelier en expliquant qu’ils empêche les autres de travailler. Puis j’exige des excuses. Voilà. ça ne va pas plus loin. Juste prendre conscience de son erreur.

    Mais si tu savais comme, quelque soit le publique, notre métier est malade. Je ne supporte plus de ce travail, ces methodes éducatives d’arriérés, ce refus de se remettre en question. c’est stupide, et ça manque de respect pour les gens qu’on accueille…

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    1. La sanction, le cadre, la norme, le raisonnement… autant de théories qui, si on ne les a pas intégrées déjà en nous les appliquant à nous-même ou en faisant un petit détour par notre histoire, restent que des théories…

      Nous sommes très nombreux à avoir des intentions tout à fait louables… visant le bien-être des personnes que l’on accompagne… et en même temps que de maladresses… que de méconnaissances… et parfois que de bêtise, sans doute comme partout.

      Quand la jeune a dit « sale pute », personnellement, je ne me serais pas intéressée à savoir si c’est normal ou pas. Mais de savoir ce qui l’a poussée à être tellement à cran pour en arriver à dire une expression pareille alors que ce n’est pas tellement dans son vocabulaire. L’aider à comprendre ce qui s’est passé pour elle, ce qu’elle a ressenti, de quoi elle avait besoin à ce moment là et qui n’a pas été respecté, et comment l’amener progressivement à développer son discernement d’elle-même pour qu’elle arrive par la suite à gérer ce genre de situations d’une manière saine pour elle, sans se sentir envahie ou ne pas respecter ses propres limites.
      Ca me semble vraiment important que nous sortions de ces jugements de bien/mal, de bon/mauvais, de gentil/méchant… qui sommes-nous pour définir ce qui est l’un ou l’autre ?? Le fait que je sois adulte me donne ce droit ? ce savoir ? Je ne le pense pas.

      Notre société est malade oui. Krishnamurti disait si bien que ce n’est pas être sain d’esprit que d’être bien inséré dans une société malade… cela pourrait s’appliquer au système de l’ASE, bien que je précise que je salue évidemment le travail de nombreux professionnels !!!!!

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  16. Bonjour,
    Je suis psychomotricienne et je te remercie de ton coup de gueule. Je travaille actuellement en libérale, en lien avec des maisons d’enfants et je vois assez les effets pervers de « la bride solidement tenue pour sécuriser » l’enfant et l’habituel: « c’est pour son bien que je le punis, mais ça me fait aussi mal qu’à lui… »
    Malheureusement, je dirais que le manque de supervision des équipes et le fait qu’elles n’aient pas toujours un espace-temps prévu pour « débriefer » avec un psychologue, réfléchir et aborder les situations difficiles ensemble et penser différemment ne favorisent pas les qualités d’écoute des éducateurs. Car en effet, comme tu le dis si bien, comment donner à l’autre, ce que l’on ne reçoit pas soi-même? Il faudrait donc en effet plus d’écoute et de partage dans les équipes, pour que la douceur et l’attention se généralise.
    En attendant, oui, ça n’est pas facile de penser différemment et de faire autrement, mais ton message prouve que nous sommes nombreux à vouloir faire autrement et plus dans les sens de l’enfant.
    En tout cas, merci à toi,car tes mots sont justes et percutant.

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    1. Bonjour Bénédicte, et merci pour ton message auquel je réponds avec beaucouuuuuuup de retard !
      J’ai vécu des temps de régulation… avec des éducateurs qui n’y mettaient aucun sens, et un psychologue qui accordait autant voire plus d’importance au cadre que les travailleurs sociaux… de quoi renforcer chacun dans une posture de contrôle.
      Et oui, nous sommes nombreux à vouloir faire autrement et je m’en réjouis. Je suis ravie de lire tous vos messages et d’avoir tous ces retours qui me font prendre conscience que ce blog a sa place sur la toile 🙂

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  17. ça me fait tellement bien de lire ça!
    ça me rassure!
    Merci!!!!!!!!!!!
    Depuis le début de l’année, je n’ai jamais eu une remarque positive de la maitresse de ma fille en petite section. Rien ne va jamais, que ma fille fasse des efforts ou non.
    J’ai grondé ma fille au début, persuadée que c’était elle la fautive, je me suis culpabilisée, persuadée que c’était moi et puis je me suis reprise.
    J’ai réalisé que sur 6 semaines entières alors que ma fille de 3 ans donc avait fait de gros efforts pour contenter sa maitresse, je n’avais rien entendu de positif ni matin ni soir: seulement elle a tiré la langue mardi ou elle a dit caca tout fort dans la classe jeudi, ou elle est têtue….
    Du coup, moi même je n’ai plus envie de voir la maitresse (j’imagine alors pour ma puce). La semaine passée, mercredi, je suis allée la chercher en me demandant ce que j’allais prendre. Je savais que ma fille ne voulait plus aller à l’école depuis 3 jours et ça n’a pas loupé: elle me dit que ma fille n’a pas écouté les règles pendant la gym et qu’il faut impérativement qu’on se voit pour régler ça. Le jeudi, elle me dit que ça s’est mieux passé et que quand on convoque les parents finalement les enfants deviennent curieusement plus sages (je ne vois pas le lien du tout!). Vendredi elle me dit à nouveau : vous avez dû lui passer un sacré savon pour qu’elle soit sage. Et bien non justement, elle se fait assez engueulée à l’école et les savons c’est pas mon truc.

    J’essaie d’apprendre à écouter et régler les pbs sans rapports de pouvoir. C’est pas facile, ça me demande beaucoup d’énergie, ma fille est hyper dynamqiue, n’écoute pas toujours mais elle a tellement d’autres choses. Elle parle divinement bien, elle est super généreuse, elle sait inventer de manginfiques histoires… mais ça la maitresse ne m’en parlera pas.

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    1. Ouahou ! Quel cadeau vous faites-là à votre fille de savoir repérer tout ce qu'elle fait de positif, de constructif, de créatif au lieu de vous centrer sur ce qui "ne va pas" (et encore, que de jugements de l'adulte sur l'enfant… !!!)
      Les adultes oublient souvent ce qu'est un enfant à force de vouloir tout contrôler… ou plutôt ils reproduisent simplement ce qu'ils ont vécu et notre génération arrive à un stade ou ce n'est plus tolérable !

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  18. C’est bien triste… y’a vraiment de quoi pousser un coup de gueule oui !
    Heureusement qu’il y a des moutons noirs dans la bergerie 😀 Ou plutôt des moutons arc-en-ciel comme toi
    Les résistances sont fortes quand il s’agit d’aller voir ce qu’il se pase en soi, et le « professionnel » est une bonne manière de se mettre un bouclier. Mais les enfants eux ne se trompent pas en général. C’est juste super lourdingue de se coltiner comme tu dis (c’est un passager qui me parle beaucoup… le piège du contrôle) :

    « Et plus on contrôle, plus c’est calme. Et plus c’est calme, plus les besoins de l’enfant sont étouffés. Et plus les besoins de l’enfant sont étouffés, plus ils s’exprimeront autrement. Quand il y aura un peu de lest. Et alors les éducs qui ont peur diront “T’as vu, il faut contrôler sinon ils nous bouffent” « 

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  19. Hello, Moi aussi, je suis une maman qui a fait comme elle a pu … Caractère, génération, et gérer toutes ses émotions négatives entre eux.
    Je les ai toujours écouté, mais .. il y a toujours un mais, ce n’est pas comme ça que ca marche. Avec le recul, et encore je ne sais pas, on fera toujours des erreurs ..
    Alors, imaginez ces humains qui sont en contact permanent avec des enfants, et qui projettent leur propre souffrance à travers eux, et imaginez ces enfants qui pleurent dans leur cœur, ont la haine de l’espèce humaine, ont peur, ne comprennent pas etc .. que peut apporter ces éléments destructeurs par avance ?

    Je suis heureuse de lire que quelqu’un ose dire tout haut, ce qui se passe tout bas, et on a eu beau me donner, prôner tel ou tel conseil pro ou non, je n’en ai cure, je n’ai écouté que mon cœur.

    Un seul adulte qui croit en un seul enfant, et le monde avancera vers le beau, le meilleur et non par le pouvoir, la destruction qui règne en maître depuis des millénaires, et qui pour l’enfant le soumet, le rabaisse, et en fait devenir un être humain identique sauf exception, quand il y a miracle …….

    Bonne continuation dans cette voie et aux noms de tous ces enfants  » MERCI « 

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  20. Ben M***E alors…. et moi qui était PERSUADEE que les éducateurs (et les profs et tous les représentants de l’éducation au sens large) ne POUVAIENT PAS être autrement que bienveillants et partisans d’une éducation positive au regard de la vie que les enfants placés sous leur responsabilité avaient pu avoir de violente avant….
    Je pensais aussi que l’éducation bienveillante était une matière obligatoire dans leur (votre) formation, au moins à eux ! Le genre de concept réservé aux initiés (comme vous qui avez étudié de près la psychologie et tous les mécanismes des émotions, de la pensée etc…)
    Je ne suis pas éducatrice, juste une maman « normale » et comme Khadija je fais le choix d’une éductation désormais sans violence et tellement plus riche !!!
    je vous lis et je suis triste tout à coup, et je redescends bien vite de mon nuage de bisounours…
    Comme le dit si bien Jacques Salomé, la bienveillance devrait être une matière obligatoire à l’école !
    Bravo pour votre coup de gueule !
    Continuez !!

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    1. Bonjour Lilou et merci pour votre contribution sur ce bog.
      Et oui, malheureusement, les professionnels de l’éducation et de l’enseignement (et de la relation de manière plus générale) manquent de formation, d’informations, sont parfois désinformés. Ils fondent leur accompagnement en reflet avec ce que la société leur apprend, leur renvoie. Et dans un système qui ne permet pas toujours de faire autrement (quoi que ?).
      Oui, on étudie la psychologie et ce genre de choses… mais ça reste théorique. Et parfois ce que l’on trouve dans la psychologie et qui est pronée comme une vérité absolue et limite scientifique, est tout à fait faux selon moi…
      Merci d’avoir parlé du colibri. Je fais ma part, à mon niveau. Vous faites la votre, à votre niveau en tant que maman.
      Et un jour, espérons que les choses évolueront. On est sur une belle voie 🙂

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  21. Bonsoir. Je ne connais par le milieu institutionnel, je suis juste une maman qui après avoir voulu tout maîtriser, a pris l’engagement du respect et de la bienveillance envers ses enfants. C’est un effort de tous les jours car je m’aperçois qu’ils me renvoient mes défauts et réagissent comme moi. Un exemple flagrant, je reprochais à mon aîné de ne pas gérer ses frustrations en s’emportant, en réalité il faisait comme moi, je ne lui avais jms montré comment réagir sereinement !
    Bref, il me semble que la famille, comme l’école et votre institution, est le reflet exacerbé de notre société individualiste et violente. Qu’en pensez vous ? Je suppose que vous connaissez l’histoire du colibris, chacun à son niveau peut contribuer à tendre vers le meilleur. Bon courage et bonn continuation !

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    1. Bonjour Khadija et merci pour votre passage ici et votre commentaire.
      Je suis bien d’accord, nous sommes dans une société qui favorise ce genre de comportements.
      Vouloir changer la société me semble compliqué. Alors je me dis, comme vous le précisez très bien, qu’en faisant chacun sa part, comme le colibri, les choses peuvent bouger. Pierre Rabhi l’a dit, et le Dalaï Lama bien avant lui : le changement commence déjà par soi-même !

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  22. Moi aussi je veux me défouler!!

    Jaloux…
    En parlant des enfants placés… « les enfants ici, ils sont mieux qu’à la maison!! Ils ont des ordinateurs gratuits! »

    Raciste…
    « Quoi t’aimes pas le chocolat!! C’est pas possible regarde t’as la peau toute noire! »
    A un mineur isolé pakistanais et en singeant son accent(alors qu’il parle parfaitement bien…) « apprends d’abord à parler le français, après tu pourras m’adresser la parole »

    Homophobe
    En parlant du badmington qui est le sport national au Bengladesh et le sport d’un de nos mineurs isolés « c’est un sport de tapette, prouve que t’es un homme en faisant du rugby! »

    No comment
    « Il a courru dans le self, alors il est privé de déjeûner… »

    Nostalgique
    « c’est dingue qu’on ne puisse plus frapper les gamins comme au bon vieux temps… Eux ils peuvent nous cracher dessus, on a juste le droit de se taire. On devrait avoir le droit de les enfermer dans les placards, tiens… »

    frustration
    A propos d’un gamin ayant subi des sévices sexuels et rejets de sa famille… Et en répondant à ma remarque alors que je trouvais que la punition de privation la DS était cette fois un peu arbitraire et inutile, qu’elle avait donné envie à l’enfant d’aller se défouler sur un autre gamin « cet enfant, il DOIT apprendre la frustration!! » et il s’est pris une nouvelle punition par dessus.

    Version Mathilda de Roald Dahl : « Je suis grand, tu es petite, j’ai raison et tu as tord! »:
    S’adressant à moi qui venait d’avoir une conversation avec un enfant qui était très mal et l’exprimait en étant espiègle version eau savoneuse sur la terrasse : « Tu sais, s’il semble te respecter et s’adresse à toi comme ça, s’il se confie à toi, s’il est cool avec toi, c’est uniquement parce que tu ne représentes pas l’institution. Tu n’es qu’une stagiaire à ses yeux. Il a la haine de l’institution, mais toi tu n’en fais pas partie. Tu n’es pas vraiment dans l’équipe éducative. » ça c’est dit. Et ça montre aussi la place de la stagiaire

    respect
    « tu veux proposer des activités artistiques ou culturelles?!!aQWSS Tu sais ils sont un peu cons les enfants ici…

    Dressage
    « Moi j’ai eu de la chance avec mon fils. Je n’ai jamais eu de problème. Il est devenu militaire. »

    Sophie 🙂

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    1. J’en rirai si ce n’était pas si dramatique… j’imagine parfaitement ce genre de remarques, malheureusement !
      Merci Sophie pour ton témoignage et merci de m’avoir donné envie d’en faire un également.
      Je donne des formations à des étudiants de première année, ils sont frais et plein de belles énergies. J’ai confiance en l’avenir et je me dis qu’avec des formations adaptées, des livres ciblés, les choses peuvent changer !
      On peut faire bouger les choses. Comme le colibri, en faisant chacun notre part 🙂

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